Il était une fois... [Libre]

IL ETAIT UNE FOIS...

I tried to be perfect,
But nothing was worth it,
I don’t believe it makes me real.
I thought it’d be easy,
But no one believes me,
I meant all the things I said.
Sum 41 - Pieces ♫

Il était une fois... Un troupeau, libre de toute chaine, de toute opinion imposée, ivre de liberté et de joie. Un troupeau d'êtres tous aussi différents les uns que les autres. D'étranges capacités, des rêves réalisés, des éléments contrôlés, une Nature en accord avec leurs mouvements. Accord. Puis un jour, un jour supposé être heureux, dans ce troupeau tolérant, le Soleil se leva. Pas n'importe quel Soleil, un de ceux qui annonçaient une naissance. L'évènement eut lieu. En accord avec la Nature. Accord. Une jeune pouliche, rose, pimpante, vit le jour. Des mèches blanches, des balzanes immaculées, tout comme son front. Des petits sabots noirs comme la pierre.
- Bienvenue, Pink...
Le Soleil baignait la plaine de ses rayons. La mère semblait rayonner autant que lui, heureuse. Le père regardait la scène avec attendrissement. Tout allait bien. Comme un accord passé avec la paix, le bonheur... Accord. Tout allait bien, mais la petite ouvrit les yeux. Et ce fut le choc pour les parents.
- Quelle horreur ! Mais d'où vient-elle ? Aaaaaaah !
Les voix autour d'eux fusaient de terreur et d'indignation. La petite n'avait pas de pupilles. Ses yeux, entièrement blancs, ne regardaient rien, ou plutôt, semblaient regarder tout. On ne savait pas où se posait son regard. Une jument, debout à côté de la mère horrifiée, eut le malheur de la regarder au moment où la petite la regardait aussi. Elle sembla flotter, étouffant un cri plein d'air. Puis ses yeux roulèrent en arrière, et elle s'écroula sur le sol, se brisant la nuque sous le choc. Pas de sang. Pas de cri. Pas de douleur. Pas d'accord. Le reste du troupeau resta sur place, terrifié, regardant avec des yeux ronds le corps gisant sur le sol.

Depuis, le troupeau ne fut plus un troupeau heureux. L’horreur et la peur planaient sur les têtes, craignant de voir la Mort se montrer. La petite fut évitée. Personne n’était avec elle.
- Ne croisez jamais ses yeux, ne la regardez pas, elle va vous tuer, elle va vous tuer !
Elle était devenue une menace pour le reste du troupeau, mais personne ne voulait l’approcher, même pour l’isoler ou lui annoncer l’exil. Les mères menaçaient leurs enfants de chercher Pink lorsqu’ils n’étaient pas sages, aussi surnommée la Chimère, étant de leur sang, chose qu’ils ne pouvaient accepter, mais aussi de celui des Maudits, des damnés. Les parents furent déshonorés. La mère, qui avait mis au monde un monstre de terreur, fut tuée, et le père se tua seul. Simplement, il restait Pink, la Chimère aux yeux blancs de Mort, que personne n’approchait. Elle ne comprenait pas. Mais un évènement changea la donne.

Il était jeune, beau et rebelle. Il était punk, percé et rieur. Il était blanc et orange. Il flashait, il est dragueur, blagueur, menteur. Il était idiot. Il était téméraire. Il était buté. Il avait le même âge que Pink. Et celle-ci, dans on coin d’herbe, passait sa journée à le regarder. Oui, elle pouvait, car personne ne la regardait, et que personne ne pouvait non plus voir où ses yeux se posaient. Elle ne se mentait pas. Pas à elle-même. Elle était amoureuse. Très. Trop. Elle avait appris son nom par cœur. Jordan. Ses traits étaient ancrés dans son esprit, son regard la faisait bruler, les autres filles la faisaient pleurer. Mais des yeux blancs ne pleurent pas. Elle n’avait pas de larmes. Alors elle le regardait. Tout le temps. Trop de temps. Les garçons, c’est comme le Soleil. Plus on les regarde, plus ça fait mal. Plus ça semble inaccessible. Et quand les nuages ne sont pas là pour le cacher, alors on a l’impression de vivre un rêve. Il s’approcha. Trop vite, sûrement. Elle n’en revenait pas. Il se planta devant elle. Comme si c’était naturel. Comme si il avait fait ça toute sa vie. Elle ne pouvait pas le quitter des yeux... Elle le regardait, encore et encore, elle ne faisait que ça. Leurs regards se croisèrent. Il ouvrit la bouche :
- Tue moi.
Les mots étaient simples. L’ordre était direct. Mais dans son regard, sur ses lèvres, il y avait une moquerie, un rire .C’est là que Pink se rendit compte que tout le monde les regardait. Tout le monde s’était retourné, bouche bée. Les paroles de Jordan ne leur avait pas échappé. Une voix fusa :
- Jordan, arrête, tu es fou ! Elle va te tuer, éloigne toi d’elle !
Mais il ne bougea pas. Sa crête à l’iroquois bougea sous le vent. Il sourit. Son sourire s’élargit. Puis il s’approcha de Pink, colla leurs chanfreins et planta son regard poignant dans celui de la pouliche.
- Regarde moi.
Il n’avait pas besoin de demander, elle ne faisait que ça. Ils restèrent comme ça trente bonnes secondes. Un sacré bout d’éternité pour Pink. Puis il se redressa, se retourna avec un sourire évident et fier sur le visage.
- Hé, chuis pas mort.
Personne n’en revint. La Chimère avait une proie si facile devant elle, mais ne l’avait pas tuée. Rien. Il ne s’était rien passé. Le jeune étalon ne s’arrêta pas là. Il empoigna les crins de la pouliche avec ses dents et s’éloigna avec elle.
- JORDAN ! Reste ici, tu m’entends ! C’est un ordre, je te défends de partir avec ELLE !
Ce fut le cri de sa mère. L’insolent lâcha la jument, qui trembla de partout et se retourna, un sourire insolent sur la face. C’est avec une voix mielleuse qu’il répondit.
- Jalouse ?
Puis il reprit les crins de la Chimère, et s’enfuit.

Passée la frontière, elle se débatit. Il s’écarta.
- Quoi ?
Si elle avait pu rougir, elle l’aurait fait puissance mille.
- Pourquoi tu fais tout ça ? Cht’ai rien dmandé...
Pourtant, elle ne demandait que ça... Pourquoi cette question ? Ca l’intriguait... Il la reprit par le toupet et marmonna :
- Bon ben on rentre alors…
Elle se débatit de nouveau. C’était hors de question. Il rigola.
- Ben voila !
Elle n’osa pas le regarder, mais elle aurait bien voulut…
- Tu n’as pas répondu à ma question... Pourquoi ?
Ses yeux finirent par le regarder. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, et puis il ne pouvait pas s’en rendre compte.
- On s’en fiche ! Et me fixe pas comme ça, sinon, chte renvoie d’où tu viens.
Hein ? Qu’est ce qu’il venait de dire ? Elle n’en revenait pas.
- Jviens dte dire de pas mregarder comme ça. T’as vraiment l’air d’une ahurie. Allez vien, on scasse.
Elle n’e savait pas quoi penser. Il savait qu’elle le regardait ? C’était une première. Mais bon... Au petit trop, elle le suivit.

L’histoire est longue, les remous nombreux et la petite Chimère devint une jument comme les autres, hormis sa couleur et ses yeux. Yeux que Jordan était apparemment le seul à voir. Ah oui, Jordan. Lui aussi, il grandissait tout le temps. Il était très attaché à Pink, qui elle l’aimait de plus en plus chaque jour. Amour irréalisable bien sûr... Il eut plusieurs poulains, avec plusieurs juments comme ça, pour le fun, comme il disait. Grande fut la douleur du Pink dans ces moments là, mais elle se consolait près de lui. Ce fut lui qui lui offrit la lune en pierre qu’elle portait toujours. Et elle arriva sur LK. Mince alors.

Elle perdit Jordan de vue la nuit qui précédait son arrivée sur les terres. En se réveillant, il n’était plus là. Elle n’en revenait pas.
- Jordan ?.. Jordan ?! Jordan !
Elle courut tout autour de leur planque. Aucune trace de lui.
- JORDAAAAAAAN !!!!
Nulle part. Elle pleura pendant deux heures. Il ne lui restait que le collier. Que le collier...

Plus tard, plus tard, bien plus tard, elle eut une relation avec Fiction Regliss, le playboy du territoire du Feu. Il lui rappela trop Jordan. Une nuit, elle s’enfuit. Elle sortit des terres, en larmes à son souvenir, le collier en lune autour du cou. Quelques semaines, et naquit une belle pouliche. Elle tenait beaucoup de son père pour les couleurs, mais le rose de sa mère revenait un peu. Elle avait de beaux yeux jaunes. Pink sourit.
- Bienvenue, Kharol…
Elle vit sa petite grandir pendant trios jours. Elle lui parla longtemps, eut le temps de lui apprendre quelques trucs. Elle lui parla de LK. Elle lui parla de Jordan. Car elle savait, elle savait qu’elle allait partir. Epuisée, elle, la boule d’énergie. Démoralisée, elle, l’éternelle positive. Pink, à la façon de Jordan, quitta Kharol la nuit. Mourut doucement, lentement, sans douleur, sans sang, sans cris. Et lui laissa le collier, imprégné d’années de souvenirs et d’histoire... Kharol, à l’image de sa mère, pleura beaucoup. Puis elle reprit le collier, et repartit en direction d’LK.

Le Soleil brillait beaucoup ce jour là. Pink s’en alla. Kharol retourna là où sa mère avait aimé vivre. Mais il était jeune, beau et rebelle. Il était punk, percé et rieur. Il était blanc et orange. Il flashait, il est dragueur, blagueur, menteur. Il était idiot. Il était téméraire. Il était buté. Il avait le même âge que Pink. Et celle-ci, dans son coin d’herbe, passait son éternité à le regarder. Il était là, en haut de la colline, à regarder la fille de sa meilleure amie s’éloigner.

Il y avait une tombe. Une pierre dressée.

PINK
ENERGIQUE ET POSITIVE
AIMANT LA VIE
ELLE QUITTA CE MONDE D'EPUISEMENT
MAIS HEUREUSE

Et en dessous était gravée une petite lune qui brillant sous le reflet de l'astre de nuit.
Et Kharol pleura. Elle pleura, chose que n'avait jamais fait sa mère. Elle pleura doucement, les larmes tombant une à une. La Lune brilla calmement dans un ciel sans nuages.

Dévaster. C'était le mot qui trainait dans la tête de Dark Destiny en ce moment. Dark Destiny... Sombre Destin... Était-ce vraiment ce qui l'attendait ? Pourtant, il ne craignait rien, ni personne. Il était à la foi mystérieux et gentil, et il ne laissait jamais quelqu'un tomber. Il n'avait jamais connu l'amour, et ne voulait pas le connaitre. Pas pour l'instant en tout cas... Le grand étalon gris foncé avançait parmi les tombes, sa longue écharpe voletait dans les airs, sans le moindre bruit. Ses sabots noirs se posaient délicatement, à chaque pas, sur le sol carrelé du cimetière. Pourquoi était-il venu ici ? Lui même n'en avait aucune idée. Peu être qu'il voulait simplement être seul, pensé au temps d'autrefois... Il se revoyait courir parmi les long prés, brouter au côté de sa mère et de son père. Et il revoyait, l'accident. Accident qui avait bouleversé sa vie entière, car désormais il n'avait plus de famille, ni même d'amis. Il avait rejoins le clan de l'eau, à la suite de la découverte de son pouvoir, même si pour lui les clans ne contaient pas. Il trouvait cela totalement idiot, comme le fait de devoir faire souffrir les autres. A part le fait que chacun était plus ou moins habitué à quelque chose, il respectait absolument tout les clans, et n'ira pas chercher d'ennui chez les voisins. Dans le ciel, la lune brillait d'une lueur argenté, agrandissant au passage les ombres des tombes, qui couvraient tout le cimetière. Ses yeux vert pomme passait d'une pierre tombale à l'autre, il lisait chaque inscription, des plus anciennes au plus récentes. Il s'instruisait des chevaux d'autrefois, il voulait se faire un peu plus accepté parmi son clan en connaissant un peu au moins les origines de chacun. Les terres de Liberty Kingdom était encore un véritable secret pour lui, et il ne connaissait encore personne, ni même les odeurs présentes autour de lui. A part celle de l'eau... Poussant un long soupire, l'étalon noir huma l'air de ses naseaux, s'emplissant de la senteur de l'endroit. La poussière, les pierres, les arbres, les corbeaux. Et un cheval. Du feu ? De l'air ? De la terre ? Il n'en avait encore aucune idée... Tout ce qu'il savait, c'est qu'il s'agissait d'une jument. Tendant les oreilles vers l'avant, il finit par l'apercevoir. Des gouttelettes sans couleur tombait doucement de ses yeux, brillant d'une étrange couleur argenté dut aux rayons de la lune. Elle pleurait... Sans se faire remarquer, lorsqu'il fut arrivé près d'elle, derrière son dos, il dit d'une voix calme, presque sans émotion.

" Bonsoir. "

Marquant une pose, il lut ce qui était marqué sur la tombe devant la jeune jument.

PINK
ENERGIQUE ET POSITIVE
AIMANT LA VIE
ELLE QUITTA CE MONDE D'EPUISEMENT
MAIS HEUREUSE

Reprenant de sa voix calme, il lui dit alors :

" C'était ta mère, n'est ce pas... "

> ... Bonsoir...

> En effet...

> Comment le savez vous ? L'avez vous... Connue ?

» encore une fois (pV)