Le jeune étalon pie marqua un temps d'arrêt, les muscles encore crispés par l'effort qu'il venait d'accomplir. Permettant l'espace d'une minute à ses poumons de se remplir à nouveau, il inspira profondément une bouffée d'air frais. Celui-ci transportait des embruns de terre humide, d'herbe fraîche, et - quand le bel animal tourna ses naseaux en direction du levant -, des relents de l'océan. les yeux mi-clos, il s'ennivra queqlues instants de cette incroyable panel de senteurs, et se décida enfin à entr'ouvrir les yeux. Devant lui se dressait l'étendue majestueuse des terres du domaine. De là ou il se trouvait, il pouvait même aprecevoir à travers la fine brume de l'aube les terres de son clan. Il voyait alors la découpe sinueuse du grand canyon, éclairé des lueurs de l'aube naissante, la douce couleur ambrée de la plage de terre, mais aussi les sombres ombrages de la forêt noire. tournant ensuite son corps vers la voûte céleste, vers son but de perfection, il prit le temps d'observer ses prochaines prises.
Il se trouvait alors suspendu au milieu du vide.
Une absence de matière vertigineuse, qui aurait indisposé nombre de ses frères de clan, qui ne se plaisaient à vivre que les sabot sur la terre ferme. Lui, par le plus grand des hasard, n'hésitait pas à s'élever, à aspirer à d'autres horizons que le sien. Doté d'un esprit d'une tolérance profonde, il ne jugeait jamais les gens d'un regard, devenant alors, sans le vouloir, le confident idéal pour ses amis. Laissant ses pensées divaguer au rythme du vent, et ses yeux scruter la paroi presque lisse de cette montagne, il se rappela alors la raison de sa présence ici, sur les terres du clan de l'air, là où personne n'osaot réellement s'aventurer sans être un messager d'éole...
il se souvint du vent, cet élement si imprévisible, qui soufflait doucement entre ses crins et courrait sur sa croupe pour reprendre à nouveau son élant. Dans cette petite grotte, il entendait encore les gémissement d'un jeune poulain, durement blessé au flanc par une chute impressionante, et les lamentations de ses parents, soucieux alors de la peine qu'éprouvait leur fils. Et cette image... cette image s'imposa à nouveau à lui. Une très jeune pouliche, agée de 6 mois tout au plus, qui frottait doucement sa joue contre celle du poulain blessé, étendu dans la poussière... Et il vit alors à nouveau la peine de cette pouliche, la souffrance qu'elle éprouvait pour son frère, matérialisée dans l'obscurité par cette unique larme qui roulait doucement sur sa joue. Et cette unique larme brillait encore derrière ses paupières closes. Il la voyait alors comme la représentation de son objectif actuel, si beau et pourtant si triste, qu'il voulait contre toute attente voir disparaître...
Le cheval renacla alors, chassant hors de son esprit ces tristes pensées. Il ne devait pas se laisser distraire. Mais le poids qui pesait alors sur ses épaules l'accablait, car, dans la guerre sans pitié qu'était celle des clans, il se savait pour ce jeune poulain l'unique espoir de guérison. En effet, les membres du clan de l'eau avaient la connaissance de vertus médicinales innouies, mais n'acceptaient de les transmettre qu'à leurs frères d'âmes. Or, le jeune animal avait eu la chance d'en apprendre une partie, dans une vie qu'il préférait oublier...
Il faillit alors être emporté par une rafale plus puissante que les autres. Il soupira, las de sa prore naiveté. "la montagne ventée". c'était un nom, si l'on pouvait dire, taillé sur mesure pour ce lieu abrupt,en permanence déchiré par un vent des plus violents.
Bandant ses muscles, il se focalisa sur l'aspérité roheuse qu'il espérait atteindre, sans se donner la peine de regarder en bas. Il savait déjà que le moindre faux-pas lui coûterait la vie. Gracieusement, mais tout en puissance, il arracha ses antérieurs du sol, et, par la force de ses muscles, parvint à mettre son corps hors de l'emprise de la gravité. Un talent que possédaient tous les chevaux, sans exception, et en lequel résidait la beauté immense d'un saut.
Dans l'harmonie du mouvement, il rejoint alors progressivement, prises par prises, en faisant fort d'ignorer la souffrance qui reffluait alors dans ses muscles par le biais de courbatures. Mais la seule image de cette jeune pouliche ravagée par la tristesse l'encourageait, et le poussait tout au bout, au delà de ses limites.
Et quand enfin, il atteint le sommet, et pu cueillir du bout des lèvres la plante qui allègerait les souffrances du poulain, quand enfin, dans un dernier effort, il se tourna vers le levant,
quand le soleil de l'aube naissante rayonna, et sur son corps, et dans son coeur, et que le vent siffla entre ses oreilles dressées,
Mysterious way se sentit en paix avec lui même.
Très content de lui, Mysterious Way s'avança lentement vers ces herbes qui sauveraient le jeune poulain, le vent faisant doucement bouger sa crinière. Il s'immobilisa, et observa les lieux autour de lui.
Le plateau sur lequel il était arrivé était en permanence balayé par les vents, bien qu'une acalmie ait montré le bout de son nez. Quelques végétaux, des arbustes secs, tout au plus. Et puis, ces herbes... Il tendit la tête vers elles pour mieux les étudier:
D'un beau vert clorophyle, surmontées de petites feuilles jaunâtres, elles étaient la seule chose ici qui sembalit comestible.
Tout à son étude, il ne perçut pas de suite le bruit des sabots heurtant la terre qui avançait vers lui. Il se retourna en sursaut, quand soudain, il aperçut enfin la silhouette se découper dans la luminosité solaire.
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