* INTERROGATIONS ] Pv

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INTERROGATIONS
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« Que cherchait exactement l’homme ,
quand il a découvert que la vache faisait du lait ? »

Question existentielle .
Les aimais - je ? Cela méritait réflexion . Une de plus a méditer , longuement . a analyser , a décrypter , syllabes par syllabes , survolant son sens général puis , tel un archéologue , il fallait se munir d’une loupe et d’un délicat pinceau , pour ôter les poussières qui se glissaient sur le sens implicite de cette citation . Citation orpheline , qui resterait a jamais sans réponse .
Pourquoi ? Oui , dis maman , pourquoi ? J’aimerais bien qu’on explique , a moi aussi . Le sens caché d’un mot , d’une phrase . D’une expression , d’un mouvement des paupières .
Tournent les aiguilles du temps
Songe éthéré
Solitude

Le soleil se levait a peine , les yeux encore rouges de sommeil , alors que je profitais de l’air nocturne pour penser . Un peu . Les naseaux dilatés , les crins au vent et les iris incandescents , je plongeais dans les nuances colorés de la nouvelle aurore , spectacle naturel et répétitif qu’on ne prenait plus guère le temps de l’aprecier . J’avais tout mon temps . Je n’étais pas pressé . Alors , il fallait profiter des scènes grandioses de dame nature , dégradés irisés et chatoyants qu’on offrait pour le simple plaisir des yeux et parfois même , du cœur .
Le mien était de pierre , lourd a poser mais bien empaqueté . Ne vous méprenez pas , il n’est pas a vendre ni même a donner . Tachez de le voler , cherchez a dérober cette pierre granitique et le ciel se teindra d’une nouvelle couleur . Geyser écarlate . Sang écumant .
J’aimais la violence .
Il fallait bouger , pourtant . L’ankylosie menaçait , venin douloureux qui déjà , mordillait mes fanons . Renâclant avec irritation , je détournais le regard du seuil de mes pensées , et survolais les alentours d’un regard hermétique a toute émotion . La dureté de mon cœur avait fini par gagner mon corps entier , menaçant mon esprit d’une prochaine décadence . Plus d’émotions , plus de sentiments . Rien qu’une épave couleur de nuit . Ame errante , sans but précis . Solitude , encore . Douce compagne de mes nuits .

Visiblement , les alentours étaient déserts . Bien .
Secouant sèchement l’encolure , je bondis âprement , soulevant un épais nuage de poussière , qui retomba en plaques opaques et grisâtres sur mon dos , avant que je ne parte dans un trot souple et aérien . Aussi silencieux qu’une ombre , ignorant totalement ou je me trouvais - a vrai dire , je n’en avais cure - je me mis en quête d’un quelconque point d’eau , mon gosier asséché réclamant son baume apaisant . Il est vrai que je n’avais pas bu depuis quelque temps , et ma gorge me donnait l’impression d’être en feu .
Chassant ces détails importuns de mon esprit d’un mouvement brutal des oreilles , je pilais net , dardant mon regard - et mon attention - vers une silhouette équine , qui semblait progresser vers moi . Entourée d’un halo de brume , telle une cape vaporeuse et mystique , la silhouette était trop loin pour que je puisse distinguer ses traits .
Une chose était sure , pourtant .
Adieu , solitude .

L'air lourd, les pas qu'on ne controle plus tant la faiblesse vous tiens par le bras, vous menaçant a tout moment si vous lachez prise. Le bras peut ici representer la vie. Ma vie, pour être exact. La vapeur qui ne cesse de s'échapper de cette eau bouillante ... Si j'avais était immortelle, ça aurait bien été la première fois où je me sentirais vaciller ... Hors, j'ai une fin, comme tout le monde. Et là, a ce moment, j'ai l'impression que ma fin me frole a chacun de mes pas. Mes membres longs et blancs avancent -je ne sais comment- de façon si méchanique que s'en devenait habituel. Jamais l'idée de m'arreter une seconde s'était imposée a moi. Pour rester un peu plus longtemps dans ce sauna naturel ? Merci bien ! Une goutte perla, roula lentement sur ma joue. Si lentement que je n'eu aucun mal a étudier sa trajectoire. J'avais si peu de chose a faire que ma pensée était concentré sur le premier fait 'anormal'. J'inspira trés profondément, remplis mes poumons d'un air chaud, insuportable, pour le rejetter aussi tot. La respiration saccadée enclanché mon poitrail qui se bombait et se dégonflait tout aussi rapidement. Un peu d'air ... Juste un peu.

Mon encolure se tend, c'est fou comme on peu rapidement capter la présence de quelqu'un ... Automatiquement, mes sourcils se froncent et tous mes muscles se tendent jusqu'a ce que cela me fasse mal. Aussi mal que si on me planté des dizaines de couteaux dans les membres. Un grimace m'échappa. Avanaçant plus doucement, ignorant la chaleur intense qui pesait sur moi, totalement captivée par l'étranger. Qui était-il ? J'étais certaine que c'était un mâle, l'odeur forte et viril ne conviendrait jamais a une faible jument ... Je stoppai. Mon coeur se mis a battre rapidement. Ce pourrait-il que se fut une de mes anciennes connaissances ? Car après tout, si j'étais de retour, il 'était fort possible que les vieux l'étaient également ... Je l'esperais. Durant mon apnée, plongée dans mes pensées, esperant, galopant a travers le passé si flou, le vent avait eu le temps de se lever. J'avais demandé de pouvoir respirer, voila que c'était fait. mes paupières se fermèrent, épuisées de rester ouvertes, pour que je ne puisse etre prise au dépourvu. Si je ne m'étalais pas par terre dans la prochaine heure, c'est que l'immortalité me tendait les bras. Un soupir me fit hoqueter. C'était bon de recycler l'oxygène, de sentir de nouveau chaque partie de son corps fonctionner de nouveau, revivre.

Après quelques secondes intenses d'un répis que je pensais mériter, mes pupils recommencèrent a examiner recoins de l'animal. Un étalon. Sombre, le regard aussi sanguinolant que le mien, une plume pendant avec vivacité, au rythme de l'air. Ses crins venaient caresser ses cuisses, son encolure, et cacher son chanfrein. Les battements de mon coeur ralentir, reprirent une allure normale. Mes muscles devinrent plus souples, et je pus relever mon encolure, effleurant mes crins blancs par inadvertance. Je fis un leger pas sur le coté. Je ne le connaissais pas, c'était une certitude.

Ha ! Dominante, un bien grand mot. Encore heureux que je fusse au courant que ce titre était le mien. Les gens ont tellement l'habitude de se cacher, se blottir derrière des surnoms, des étiquettes qu'on colle a leur front pour être sur de les reconnaitre. J'aurais voulut être totalement neutre, parfaitement inconnue de tout regard. Mais c'était foutu, comme si je n'étais là que pour porter le fardeau, porter ce nom péjoratif. Ma mine se renfrogna et je dressai l'encolure. Dominante ... Et dire que certains sont capables de tuer leur proche pour acceder a tel rang. Pitoyable.

L'inconnu me dardait du regard, comment pouvait-il n'avoir qu'aussi peu de scrupule ? Pour qui se prenait-il ? Je reculai, m'impregnant de l'abiance feutrée. Mes crins étaient certainement humides a en goutter, et ma peau aussi brillante que si j'avais été trempée dans du vernis. Je décidai de me detendre, après tout, j'étais censé dominer ces terres, non ? Prenons partie de ce qui est a présent mon devoir, mon obligation. Mes pupils sanguines devisagèrent autant l'étalon qu'il l'avait fait pour moi. Elles s'attardèrent pourtant a un détail des moins amusants. La plume. Ouais, la même couleur en plus ! Il faut dire, je ne suis pas un culte de la personnalité, du moins, je ne l'ai jamais été. Toujours des plus banals. Quand on me voyait c'était un simple 'Salut'. J'aurais été quelqu'un d'autre, on m'aurait fait la cours. Mais non, on en a voulut ainsi, me condamner a des répliques fades. Qu'importe. Se fondre dans la masse n'était-ce pas quelque chose que je voulais ? Oui. Alors que j'arrete de me plaindre, par pitié !

Je fis un pas en avant. Laissant un maigre sourrir étira les comissures de mes lèvres. Bien que l'étranger était froid, ses traits ne m'étaient pas entièrement inconnu. Je l'avais certainement croisé, un jour, comme ça, sans avoir réellement prétté attention a lui. Alors qu'aujourd'hui, coincée par la brume et la chaleur insoutenable, je le detaillé, comme si ma vie tenait aux nombres de défauts et qualités que je pouvais relever en lui. Etait-il aussi peu avenant qu'il ne laissait le paraitre ? Peut être bien. Pour le moment, rien ne m'avait prouvé le contraire, j'esperait seulement qu'il se trouve un tout petit peu plus sociable. Mais n'étant nullement une jument soumise, il ferait le premier pas.

« A quoi penses tu ?

Je saturais de rester figée, là, a attendre qu'il deigne donner un quelquonque signe de vie. J'avançai, vers l'air libre. Il parlait. Et que disait-il ? Il me demandait a quoi je pensais ? Huph. Que lui répondre. Et bien je lui dirais tout simplement ce qui me passe par la tête lorsque j'aurais envie de mettre un point a ses interrogations. En attendant, j'avançai, calmement, nonchalament, sans le quitter des yeux. Pour certaines, il avait un charme de rebel sans nom. Pour d'autre ça aurait été un étalon rustre, sans manière. Qu'importe ... Une fois que l'air frais et distilé vint frapper mes flans, mes naseaux se dilatèrent, profitant de pareil cadeau. Mes paupières s'étaient a nouveau fermées, bientot j'irais dormir, a l'ombre, dans une fraicheur artificielle.

"A beaucoup trop de choses."

C'était pas faux. J'avais tant de chose a dire et pourtant tant de retenue. Ce n'était pas vraiment a mon habitude de tenir ma langue, mais j'avais si peu parlé, ces derniers temps que ma voix était celle d'une inconnue. Une étrangère que je devrais apprivoiser, connaitre de nouveau. Je n'étais pas surprise, simplement desarçonnée. Dans mes pensées, le son était plus ... rauque. Un soupir m'échappa et j'entrepris d'aller m'allonger sous le premier végétal capable de me 'protéger' de la chaleur. Etait-il dingue ? Ou avait-il encore assez de neurone pour se retirer de l'eau bouillante. Après tout, il fesait comme il voulait ...

Ma tête se déposa doucement sur le sol. J'étais litteralement achevée. La présence de l'étalon me 'satisfesais' un peu, comme si, si un danger aurait approché. Comme s'il aurait pu l'arreter pour mes beaux. Buaf ! Que d'eau rose. J'pouvais très bien me défendre seule ... Je demandais juste qu'on me previenne, afin d'etre au meilleure de ma présence. Mes crins sècheraient rapidement, en attendant, l'eau coulait encore sur mes cuisses et mon encolure. Qu'est-ce que j'attendais, reellement ?